AmenRa à Paris 9

De Doorn est l’album qui révèle le plus le véritable visage d’Amenra, leur expression la plus authentique. C’est comme si le temps, l’âge et la maturité les avaient lentement menés, depuis l’obscurité totale de leurs débuts, vers la lumière. Comme s’ils avaient compris que la plus pure réflexion de notre humanité réside non seulement dans la douleur, mais aussi dans les frontières qui séparent la lumière et les ténèbres. Colin, agenouillé, dos au public, hurlant dans l’obscurité, la voix étouffée par les guitares bruyantes, pourrait commencer – littéralement ou métaphoriquement, nous verrons bien – à se relever et à se tourner vers son peuple, recevant leurs mots comme cette sculpture d’arbre recevait ceux des habitants de Gand, et les renvoyant, plus clairement, plus consciemment, parlant des ténèbres à la lumière. C’est pour cela qu’Amenra existe, et qu’il est si essentiel aujourd’hui. La douleur est toujours là – mais elle n’est plus seule. « Même dans les parties plus douces, les mots sont si… » Colin cherche ses mots. « Ils vous frappent par leur contenu. Ce n’est pas nécessairement négatif, mais cela porte beaucoup de poids. En termes de contenu, je pense que c’est l’album le plus lourd que nous ayons fait. C’est dur comme la pierre, mais d’une manière belle et poétique. »