Entre Ciel et Eau . Le lavoir à impluvium de Champlieu à Martailly-lès-Brancion

Une architecture cosmogonique : le lavoir de Champlieu
Le lavoir est un lieu où l'on peut parfois lire : "Ici se blanchit le linge et se noircit le monde". Un lieu clos où se dit l'indicible qui se transmet à la société villageoise. Le lavoir fonctionne comme un observatoire, voire comme un laboratoire social. Aujourd'hui, démis de ses fonctions, le lavoir de Champlieu est un lieu clos, ancré à la fluidité de l’eau, qui s'ouvre sur le ciel, un ciel peuplé étrangement d'arbres et de nuages. La spécificité rare de son architecture avec toit à impluvium, orpheline de sa fonction de lavoir, est une forme circulaire à la fois close et ouverte sur le ciel. Elle entraîne chacun, individuellement, dans une dimension cosmogonique pour peu qu’il soit sensible à sa dimension poétique. Par son alchimie, on passe d'un lieu d'échange collectif à un lieu initiatique individuel.
Au 18e siècle se sont généralisés les Hôtel-Dieu symboles de l'utopie des « machines à guérir ». Le lavoir de Champlieu peut être considéré comme une « machine » à investir le rapport que chacun établit avec le ciel.
Dans les photographies de Karl F. Stewart, la dimension céleste apparaît notamment sous forme de disques lumineux. Dans les xylographies, les structures géométriques évoquent des mécanismes horlogers, outils de la mesure du temps, et des sphères armillaires, tentatives humaines d'expliquer la mécanique céleste.
Guillaume de La Chapelle le 21 Juin 2024